Un véritable salaire pourrait être versé, sans condition et à vie, à toutes les personnes majeures d’un espace politique, grâce à la généralisation de la cotisation sociale. Ce salaire donnerait aux citoyen.ne.s le pouvoir sur les décisions économiques, sur les finalités et sur l’organisation du travail. Au même âge que celui de l’accession à la majorité politique, les citoyen.ne.s accéderaient ainsi à la « majorité économique ». Les droits et devoirs démocratiques franchiraient enfin les portes des entreprises, qui seraient libérées de la tyrannie des actionnaires et des prêteurs. Les entreprises pourraient enfin avoir pour finalités l’utilité et la qualité du travail, au lieu d’obéir aux lois de la finance.
Des formes de salaires à vie existent depuis des années, notamment dans la fonction publique. Il serait possible de transposer cette façon de rémunérer le travail dans des entreprises coopératives, dans le secteur marchand comme dans le secteur non marchand, sans intervention de l’État. Grâce à la généralisation de la cotisation sociale et la socialisation de l’investissement, l’économie pourrait se débarrasser totalement du chômage, des ponctions par les actionnaires, du diktat des prêteurs et des marchés financiers, sans pour autant renoncer au principe de l’entreprise privée. En effet, les entreprises pourraient être la (co)propriété de leurs travailleurs, bénéficier de subventions d’investissement par socialisation, en même temps que les travailleurs coopérateurs seraient bénéficiaires de salaires à vie financés par la cotisation de toutes les entreprises. La vie des entreprises serait de la seule responsabilité de leurs travailleurs copropriétaires, dans le respect de la loi et du Code du Travail.
Ce projet politique, fondé sur les travaux de Bernard Friot, est économiquement viable, les outils institutionnels nécessaires ayant déjà fait la preuve de leur efficacité (cotisation, subvention, statuts coopératifs, etc.). Mais il se heurte aux intérêts des grands gagnants du libéralisme et du capitalisme, lesquels prétendent qu’aucune alternative n’est possible, sauf à renoncer au progrès et à la liberté. La vérité est qu’il est possible de partager les fruits du travail de façon égalitaire et collectivement responsable, de faire face aux urgences sociales et écologiques, sans renoncer à la liberté d’entreprise et à la propriété privée. Le projet politique du salaire à vie n’est peut-être pas la seule alternative, mais il apporte un démenti éclatant aux discours irresponsables des libéraux et des capitalistes : oui, un autre avenir est possible.
Vous qui avez pris conscience qu’un autre destin était nécessaire,
vous savez désormais qu’il est possible.