Qui va accepter de faire les tâches rebutantes, comme par exemple ramasser les poubelles ?

Avec un salaire sans condition, il est certain que beaucoup de tâches seraient délaissées. Mais on doit voir ces conséquences comme autant d’opportunités de progrès et non pas comme des difficultés. Qui regrette l’époque où il fallait laver le linge à la main, aller chercher l’eau au puit ou travailler à la chaîne 50 heures par semaine ? Pour aller plus loin et faire disparaître toutes les tâches ingrates sans que ça implique une perte sociale, il existe toujours des solutions. S’agissant des poubelles par exemple, c’est toute la chaîne qu’il est possible de repenser, depuis la production de déchets jusqu’à la valorisation, en passant par le tri et le ramassage, sans que personne n’ait à faire de tâche ingrate. Plus généralement, pour chaque problème il est possible de repenser la répartition des tâches, la rotation des personnes qui en sont chargées (notamment pour les tâches dangereuses, comme dans le domaine du nucléaire par exemple) et surtout il est souvent nécessaire de s’interroger sur leur utilité. Par exemple, si tout le monde dispose d’un salaire sans condition, plus personne n’a intérêt à organiser l’obsolescence programmée, la frénésie des modes ou le marketing agressif. Qui regrettera ces calamités du capitalisme ?

Évidemment, les personnes qui tirent avantage aujourd’hui de l’exploitation des pauvres et obligent des subordonné.e.s à faire des tâches ingrates, verront le salaire à vie comme une régression. Mais ce serait une libération pour une très grande majorité de gens que de pouvoir décider de la façon dont ils ont envie de travailler et pour quoi faire. Un long processus sera nécessaire, bien entendu, et passera par l’éducation à la coopération plutôt qu’à la compétition. Par exemple, les études de médecine devront cultiver l’envie de soigner, au lieu de faire miroiter les fortes rémunérations et le statut de notable. Ainsi, nous agirions à la source des problèmes de santé publique, au lieu de courir sans fin derrière la surconsommation de médicaments, la désertification médicale, les carences de la prévention, etc.